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Jeudi
31 mai, le ciel est voilé mais il fait bon. Nous profitons de notre escale à
Saint Simon pour aller visiter la jolie petite église où pend un ex-voto,
vestige d’un passé glorieux de navigateurs.
Nous ne manquons pas de faire
escale à la maison des gabariers qui retrace la passé glorieux de la
construction navale autour du village. De très belles maquettes expliquent
aussi l’évolution de gabarres au fil du temps. Outils et objets collectionnés
et organisés nous font revivre la
Charente au temps de gabarres. Après ce retour dans le passé,
nous reprenons la barre de nos embarcations respectives pour continuer notre
remonte. Quelques km plus loin, nous accostons à l’ombre sur les îles de Châteauneuf sur Charente. Il faut être aussi
vigilent que nos gabarriers d’autrefois pour éviter les bancs de sables qui ne
sont pas encore correctement balisés. Pas d’eau pour faire le plein, les
borniers ne sont pas remontés. Ici, on craint encore le gel…
Après le repas,
nous allons flâner en ville. Nous faisons un petit crochet par la mairie pour
savoir si l’on peut obtenir de l’eau. De nouveaux borniers avec carte bancaire
vont être installés mais l’adjoint aux travaux ne sait pas quand, les travaux
ont été annulés à cause de la crue (fin avril) et la mairie ne sait pas quand
est-ce qu’ils vont reprendre. Nous repartons en fin d’après-midi, il fait moins chaud pour
naviguer.
Nous profitons pleinement de cette nature tranquille et de ces décors
verdoyants. Nous arrivons à Saint Simeux et ses pêcheries, patrimoine typique
de la Charente. Le
Solfanne et La Kim Anh
s’amarrent sur le ponton du restaurant. Océan-Manor s’amarre sur la petite île
de Saint Simeux, San Francisco jette l’ancre à côté de nous.
Nous mettons les
annexes à l’eau pour rejoindre les autres équipages pour une bonne Guinness au
pub tenu par un angais. Retour à bord en faisant le tour de l’île et en passant
dans les nénuphars. Grosse journée de navigation … 11 km et 3 écluses.
Vendredi,
il fait chaud dès le réveil. Après un briefing par VHF, nous quittons notre
île. Une première écluse au pied du village dans un décor magique. La Charente se fait plus
étroite et aussi moins profonde, surtout au-dessus des bancs de sable. Il y a
quand même assez d’eau pour nos deux « Pédro ».
En bordure de
Charente, nous pouvons encore voir des vignes d’ugni blanc, le principal cépage
qui entre dans la composition du Cognac. Une halte bienvenue vers midi à
Sireuil. Nous nous installons à l’ombre des arbres. Nous allons voir la base
Nicol’s pour la mise à jour du guide de navigation des éditions du Breil. Il
fait très chaud et la navigation crée un petit air très rafraîchissant.
Par
contre, pour tourner les volants d’écluse, nous transpirons. Heureusement, nous
n’en avons qu’une à passer cette après-midi. Nous nous amarrons juste en amont
de l’écluse de La Motte ,
à Trois Palis après une navigation de 12 km et le passage de 4 écluses.
Samedi,
le ciel est nuageux, voir orageux. Nous aurions peut-être droit à une averse
par-ci et quelques gouttes par-là. Petite visite au village.
L’église est
ouverte mais la chocolaterie est fermée, elle n’ouvrira ses portes qu’à 14h00.
Nous y repasserons à la descente. La navigation est sérieuse, il faut bien
surveiller le sondeur. Pour Océan-Manor, nous effleurons une digue submergée.
Les bouées rouges ne sont pas bien posées. Nous nous amarrons à Fleurac en aval
de l’écluse. Un coup de VHF nous indique que le Solfanne est posé. Un coup de
pédale et nous pouvons constater qu’il est posé à l’endroit où Océan-Manor a touché.
Le Solfanne n’est plus tout à fait dans ses lignes d’eau. Impossible de se
dégager tout seul. La Kim Anh
navigue à son secours. Une amarre est lancée et une remorque est mise en place
pour tirer le Solfanne en marche arrière hors de son perchoir. Ça y est, le
Solfanne retrouve l’eau libre… Arrivera-t-on à Angoulême, il ne reste que 9,5
km. Nous déjeunons à Fleurac. Promenade digestive sur les jolies îles du
barrage.
Le musée du moulin à papier est malheureusement fermé. C’était un des
derniers moulins qui fabriquait encore du papier à l’ancienne selon une
technique du XVII siècle. C’est bien dommageable pour cette belle halte. Nous
repartons en début d’après-midi avec le soleil pour tenter d’arriver à
Angoulême. A l’écluse de Fleurac, les jeunes nous aident pour la manœuvre. Nous
ne refusons pas. Au-dessus, il y a beaucoup d’eau, la navigation est plus
aisée. L’écluse de Basseau se profile devant nous. Elle est toujours aussi
difficile à approcher. Le quai d’attente y est très mal placé. Il faut être très bon à la manœuvre et très rapide à
l’amarrage (ce qui n’est pas aisé avec les anneaux) sous peine de voir son
bateau faire demi-tour aussi vite. Une vantelle de la porte amont est bloquée à
moitié fermée. Nous arrivons malgré le flux d’eau à ouvrir les portes avales en
forçant un peu. Bassinée pour Océan-Manor et le San Francisco. On recommence
l’opération pour le Solfanne et La
Kim Anh. Les portes avales sont ouvertes lorsqu’ils arrivent.
Pour eux, pas d’amarrage sur le quai inapprochable. Nous continuons notre
remontée en faisant de nouveau bien attention à la profondeur, il ne doit pas
rester grand-chose sous la quille des « Pédro », en regardant bien,
on voit le fond ! Encore une écluse où ce n’est pas commode d’accéder au
ponton à cause du courant et en plus, il manque d’eau, même pour Océan-Manor,
impossible de s’y approcher à moins de 50 cm. 2 bassinées et voilà le dernier
bief encore une écluse et nous serons à Angoulème.
Nous arrivons à l’écluse de
Saint Cybard, les portes amonts sont ouvertes et les vantelles avales aussi. Il
y a un de ces bouillons en-dessous de l’écluse et des nageurs qui y barbotent.
L’amarrage y est difficile avec tous ces remous. Les nageurs sont sortis de
l’eau. Nous fermons les portes amont et faisons rentrer le Solfanne et la Kim Anh. Cette fois,
c’est une vantelle avale qui ne veut pas fonctionner. Bizarrement, lorsque l’on
parle d’appeler la police (qui connait les numéros pour joindre les
responsables des écluses) tous les nageurs disparaissent très rapidement. Nous
pensons qu’ils ne sont pas innocents pour les manœuvres intempestives de
l’écluse,c’est si gai de nager dans les remous !... A l’heure qu’il est,
personne ne répond plus nulle part. 2 solutions : on fait demi-tour pour
retourner au quai de Basseau ou on se débrouille pour fermer la vantelle. Nous
choisissons la deuxième solution.
L’annexe est mise à l’eau et la grenouille va
sonder les trappes de vantelles. Y aurait-il quelque chose qui coince ?
Jean Marie se met à l’eau et plonge à son tour. Rien de bloqué. Nous forçons
donc : Jean Marie debout sur la vantelle, la grenouille agitant la barre
de descente, Michel tournant le volant de la vantelle et un navigateur local
tapant sur le haut de la crémaillère pour la faire descendre. Lentement mais
surement la vantelle retourne à sa place devant les trappes. Plus d’une heure
pour fermer 1 vantelle. Une première bassinée pour libérer La Kim Anh et Solfanne puis
une deuxième pour le San Francisco et Océan-Manor. Il est 20h55, nous sommes
enfin à quai à Angoulême ! Nous n’y croyons plus. Il faut vraiment le
vouloir pour arriver au bout de la
Charente. 4h30 pour parcourir 8 km et passer 4 écluses !
Heureusement, nous ne sommes pas pressés mais nous avons bien failli faire
demi-tour à la dernière écluse à 500 mètres du quai. Angoulême ça se
mérite ! Une bonne surprise, nous trouvons des bornes d’eau et
d’électricité qui fonctionnent !
Une journée bien remplie.
Dimanche,
après une nuit très pluvieuse, le ciel est chargé. Journée de relâche à
Angoulême. Après la journée d’hier, nous sommes contents de rester à quai 1
journée. Il faut ménager les équipages. Malgré une météo peu clémente, il y a
du monde sur les quais qui viennent voir les bateaux. Ce n’est pas courant d’y
voir 4 gros bateaux, en plus, des bateaux de propriétaire… Même la presse
locale vient nous voir. C’est un peu une gageure de monter 2
« Pédro » qui ont 1,15 m de tirant d’eau jusqu’à Angoulême,
heureusement il y a de l’eau en Charente !
En fin de journée, Anne-Céline, Walter et les enfants viennent nous faire une petite visite. Nous prenons l'annexe pour aller voir la position des vantelles. Il ne faudrait pas que la vantelle soit de nouveau coincée en haut. Nous avons de la chance, elle est toujours en bas. Nous ne devrions pas avoir de problème pour quitter Angoulême. Ce n'est pas le tout d'y arriver, il faut encore pouvoir partir!
Mais nous sommes tous très
heureux d’être là malgré tout. La
Charente est une petite merveille qui n’est malheureusement
pas relié au restant des voies navigables. On y accède par la mer ou par
camion.